La conférence
donnée par Jean Claude Tanzilli et Jean Pierre Faure à la
fédération de la pêche du Rhône ce mercredi, a fait salle comble
(une centaine de personnes).
Avant sa réédition
au CNPL à Clermont-Ferrand samedi prochain, je vais tenter de vous
faire un résumé. Et de vous donner mon avis.
L'objectif de cette
conférence est de donner à tout un chacun des informations
factuelles, recueillies durant trois décennies sur ce poisson qui
fait tant parler de lui : le Silure Glanis.
C'est ainsi que l'on
apprend que le silure était présent dans le bassin du Rhône il y a
8 millions d'années.
Pour les septiques,
vous pouvez allez voir au musée de l’Ardèche des fossiles de ces
silures
(https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/photos-le-nouveau-museum-de-l-ardeche-devoile-sa-collection-de-fossiles-1461155570).
A cette époque, c'était le prédateur dominant avec le brochet et
l'anguille.
Et depuis, il a été
présent dans nos eaux intérieures de nombreuses fois entre fonction
des périodes de glaciations et réchauffements.
La première capture
relatée en France date de 1569, au sud de Strasbourg dans la rivière
ill.
Le climat n'a pas
toujours été favorable à son développement et sa représentation
dans nos eaux intérieures a été chaotique.
Plus récemment, le
silure a commencé à faire parler de lui à partir des années 80,
car sa population s'est beaucoup développée suite a cette nouvelle
période de réchauffement et des spécimens de taille plus
conséquente étaient prit par les pêcheurs.
On note que les
années 90 ont été le paroxysme en ce qui concerne le nombre de
spécimens capturés. Ensuite, la population de silure a régressé
de façon assez brutale dans les années 2000 et enfin une lente et
progressive érosion des effectifs s'est mit en place ces dernières
années. Par contre, la taille des spécimens est resté en
augmentation constante.
Cela a engendré
beaucoup de questionnements de la part du grand publique, puis des
craintes et enfin des réactions irrationnelles. C'est comme cela que
tout récemment les pêcheurs professionnels on fait la demande
auprès du ministre de l'écologie, pour classer l'espèce en
"nuisible" et conduisant cette espèce à sa destruction
systématique.
Il est donc
important de répondre à ces questionnements pour rester rationnel
et éviter de "casser" des écosystèmes.
C'est là que le
travail de Jean Claude Tanzilli réalisé sur 30 ans apporte
énormément d'informations. Ce travail c'est de nombreuses captures
(environ 17000), des observations (notamment avec 4000 contenus
stomacaux et 700 marquages). Avec un tel jeu de données, étudié,
analysé et compilé par une équipe de la fédération, on peut
commencer à tirer des conclusions; Conclusions qui seraient erronées
avec un jeu de données d'une petite centaine d'individus, et encore
plus sur une période de quelques années.
Voici donc ce qui
ressort de ce travail colossal.
L’espérance de
vie d'un silure dans un environnement qui lui convient peut aller
jusqu'à 80 ans. Sa croissance est très rapide sur ses premières
années de vie, puis est considérablement ralentie lorsqu'il atteint
2 mètres de long (1 à 2 centimètres par an).
On observe une
stagnation de la taille à partir de 2m40/2m50 (serait-ce sa taille
maximum moyenne dans nos eaux intérieures ?).
Les contenus
stomacaux, révèle que de nombreux estomacs sont vides (résultat
qui correspond avec ce qui a été observé via des pêches
électriques et au filet).
Ainsi, 75%
d'estomacs sont vides. L'alimentation du silure est très irrégulière
: de longues périodes de jeûnes ont été observées, ainsi que des
moments de frénésies alimentaires très courts.
Le silure à une
digestion très lente comparable à celle des reptiles. Pour vous
donner une idée, un silure de 2 mètre mange 15 fois moins qu'un
cormoran adulte en une année.
L'alimentation du
silure est très variée 40% de poissons, 30% de mollusques, 20%
d’écrevisses et ensuite ce sont des décrets urbains, du substrat,
des mammifères, de la nourriture humaine...
Le suivi sur ces 3
dernières décennies montre que le silure va préférer consommer
les espèces les plus présentes (brème, carassin, mulet, ... selon
le lieu) . C'est ainsi, que dans les années 90 le poisson chat était
un de ces met préféré (ce qui a conduit à une régulation de
cette espère invasive). Les observations ont révélé une
augmentation importante du cannibalisme, comme pour s'autoréguler.
C'est dernières années le silure est même devenu le poisson le
plus consommé par le silure dans le Rhône lyonnais.
On apprendra
beaucoup d'autres choses sur le silure (mais je ne peux pas tout
détailler, il faut aller voir la conférence pour cela).
En conclusion, je
retiens les points suivants :
1 - Le Silurus
glanis est une espèce autochtone,
2 - La population du
silure est revenu à la densité des années 80,
3 - Les spécimens
les plus gros stagnent en moyenne à 2m40/2m50,
4 - Le silure a une
consommation alimentaire très optimisé (digestion très lente),
5 - Le silure
s'autorégule par cannibalisme (et parfois lors des combats de la
fraie),
6 - Les plus gros
silures sont les plus cannibales (un silure peut ingurgiter des
silures qui font la moitié de leur taille !) .
Au vu de ces
conclusions, le classement nuisible de cette espère me parait
incohérent. Pourquoi faire disparaître une espèce autochtone ?
Et si cela est fait,
cela risque de dynamiser de nouveau son expansion (plus
d'auto-régulation par le gros sujets), donc l'effet inverse
souhaité.
Certaines espèces
invasives risquent de faire leur retour (poissons chats, écrevisses
américaines, corbicules...).
Sans parler de
l'impact budgétaire, car les cadavres de poissons de telle taille
doivent être traités sans quoi on s'expose à des troubles de la
santé publique.
Quant à leur
consommation massive, au vu du taux de PCB que concentre ces poissons
(qui sont au sommet de la chaîne alimentaire), il serait
irresponsable de l'autoriser.
Laissons donc faire
la nature et pour les ouvrages artificiels (passes à poissons),
mettons en place des systèmes de répulsions des silures (ex :
champs électriques) pour qu'ils aillent jouer leur rôle sur le
reste des cours d'eau. Bien que les fédérations soutiennent cette
étude factuelle, la décision finale reste éminemment politique
(avec le jeu habituel des lobbies), c'est pourquoi je me suis fendu
de ce billet.
Je tiens à
remercier les auteurs de cette conférence, pour ce travail minutieux
et de longue haleine, qui rend ce poisson un moins mystérieux. Et
tout particulièrement Jean Claude Tanzilli pour avoir constitué ce
jeu de données, qui est à ce jour le plus complet sur un poisson en
Europe.